Il faut sauver les RPA

Publié le 31/05/2024 à 13:24

Il faut sauver les RPA

Publié le 31/05/2024 à 13:24

Le nouveau programme du gouvernement permet à certaines ­RPA de recevoir une allocation mensuelle fixe en fonction des besoins de leurs locataires. (Photo: 123RF)

RPA. En même temps qu’un nouveau programme annoncé par Québec pour sauver les résidences privées pour aînés (RPA) fait des vagues, les propriétaires de certaines entreprises rivalisent d’ingéniosité pour faire face à une conjoncture difficile.

Était-ce la bouée de sauvetage tant attendue par l’industrie ? Le programme d’allocations personnalisées pour les RPA lancé par le gouvernement du Québec à la fin janvier constitue en tout cas un pas dans la bonne direction pour aider ces entreprises à poursuivre leur mission, estime le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), qui a collaboré à sa mise en place.

L’objectif de ce programme de 200 millions de dollars sur cinq ans est avant tout de maintenir l’offre de logements aux personnes aînées du Québec. « Freiner la vague de fermetures qui touche la province est un moyen d’atteindre cette cible, nuance Hans Brouillette, directeur des affaires gouvernementales et publiques du RQRA. Chaque fois qu’une RPA met la clé dans la porte, des soins et des services disparaissent avec elle. »

Cette mesure permet à certaines RPA de recevoir une allocation mensuelle fixe en fonction des besoins de leurs pensionnaires. Cette somme est calculée selon un taux horaire déterminé pour chaque type de soins, en vertu d’une grille standardisée qui s’applique désormais à l’échelle de l’ensemble de la province. On s’assure ainsi que donner un bain est dédommagé à la même hauteur partout.

De plus, le personnel soignant des RPA peut désormais procéder à l’évaluation des résidents et ainsi mieux cibler leurs besoins. Du moins, en théorie. « Les infirmières de nos membres n’ont actuellement pas l’option d’évaluer par elles-mêmes, comme cela a été annoncé initialement », souligne Hans Brouillette. Les RPA subissent donc encore les frais des longs délais d’évaluation imposés par les CISSS et les CIUSSS, déplore-t-il.

Cette nouvelle aide financière permet dans les faits au gouvernement du Québec de pallier ses manquements en hébergement de longue durée. Seuls les aînés en lourde perte d’autonomie peuvent en effet en bénéficier, ce qui représente un peu plus de 2000 personnes. « Ces profils devraient normalement être transférés en hébergement public plutôt que de rester en RPA », indique Hans Brouillette.

La phase test a lieu depuis l’automne dernier dans cinq régions, entre autres dans Chaudière-

Appalaches et en Mauricie–Centre du Québec. Sont admissibles les RPA, à but lucratif ou non, qui comptent un maximum de 30 appartements et qui offrent des soins infirmiers ainsi que des services d’assistance. Au moment où ces lignes étaient écrites, à la mi-avril, le projet pilote devait bientôt s’élargir à un deuxième groupe de six régions.

 

De la « maltraitance financière »

Entretemps, des histoires malheureuses liées à la mise en place de ce programme ont néanmoins fait surface. Vers la fin mars, le quotidien Le Soleil faisait par exemple état de cas où des résidents font face à une hausse parfois radicale de leur loyer, mais sans bénéficier pour autant de cette nouvelle subvention. En cause : l’ajout de soins et de services additionnels à même leur bail, ce qui les rend in fine 100 % responsables.

« Si l’aîné s’absente pendant plus de 72 heures, le gouvernement ne rembourse plus le service puisqu’il n’est pas donné, illustre Raoul Charbonneau, président de l’Association des comités de résidents officielle du Québec. Mais l’aîné qui a signé un bail avec l’ajout du service est alors obligé de payer entièrement la facture. Ça, c’est de la maltraitance financière ! »

« L’allocation personnalisée semble constituer un prétexte en or pour modifier un bail en cours, ce qui est illégal, renchérit Nathalie Dubois, directrice générale de la Fédération des centres d’assistance et d’accompagnement aux plaintes. On s’entend : personne ne veut voir les RPA fermer en masse, mais déplacer le fardeau financier sur les épaules des aînés est problématique. »

Face à ces critiques, le RQRA rappelle que les opérations d’une RPA exigent un certain degré de prévisibilité. « Nous embauchons du personnel, fournissons des repas, assurons de plus en plus de soins et de services, énumère Hans Brouillette. Nous ne pouvons pas, par exemple, mettre à pied des employés si l’aîné est hospitalisé pendant trois semaines ; qui s’occupera de lui à son retour, comme les CISSS et CIUSSS s’y attendent ? »

Le gouvernement du Québec songerait par ailleurs à soustraire du bail l’ajout de soins et de services, comme cela a été le cas depuis le début du programme. Même si ce scénario devait se concrétiser, le sort des résidents qui ont signé des augmentations démesurées de loyer jusqu’à maintenant demeure incertain.

 

Cet article a initialement été publié dans l'édition papier du journal Les Affaires du 8 mai 2024.

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